L’élagage fait partie intégrante de l’entretien de nos terrains en milieu urbain. Bien réalisé, il permet de guider la croissance, d’assurer la sécurité des lieux et de préserver la santé des arbres. Mal fait, il peut causer des dommages irréversibles. Trop souvent, des gestes posés avec de bonnes intentions peuvent mener à un affaiblissement structurel, à une détérioration accélérée ou même à la mort prématurée des arbres. Voici les interventions les plus fréquentes à éviter, selon Karim Lahdiri, arboriculteur et fondateur de L’Ambassadeur de l’arbre.
1. Ne cherchez pas à rapetisser votre arbre (ou pire, l’étêter)
Étêtage. Écimage. Topping. Peu importe le mot, le principe reste le même : couper drastiquement le haut d’un arbre pour réduire sa hauteur. C’est une pratique malheureusement encore répandue… mais à proscrire absolument. Pourquoi ?
- Cela cause de très grosses plaies sur les branches maîtresses et les troncs principaux.
- Ces blessures mènent à pourriture interne et affaiblissent la structure de l’arbre.
- Dans un effort de survie, l’arbre réagit en générant énormément de nouvelles branches, mal attachées et sans considération pour une structure solide à long terme.
- En quelques années, l’arbre retrouve le même volume qu’avant, mais avec une architecture chaotique et fragile.
Résultat : l’arbre devient plus dangereux, plus coûteux à entretenir… et sa longévité est considérablement réduite.
Notez que la plupart des conflits entre les infrastructures et les arbres sont plutôt liés à l’expansion latérale des branches. Ce sont elles qu’il faut chercher à raccourcir intelligemment, tout en favorisant la croissance verticale de l’arbre.
2. Ne supprimez pas trop de branches à la fois
Favorisez une approche progressive, réfléchie et récurrente des élagages de vos arbres. Pour les jeunes spécimens, il peut s’avérer nécessaire d’effectuer des tailles structurantes plus sévères, mais c’est le contraire pour les arbres plus matures. Ceux-ci sont généralement plus fragiles et tolèrent mal la perte d’un grand pourcentage de leur feuillage.
Méfiez-vous aussi de la “règle d’or” voulant qu’on peut supprimer jusqu’à 20% du feuillage d’un arbre sans l’endommager. Une telle cible est impossible à formuler pour l’ensemble des arbres, puisqu’ils sont tous d’espèce, d’âge et de condition de santé différents. Appliquer une règle arbitraire comme celle du « 20% » peut rendre l’élagage inadéquat ou même compromettre irrémédiablement la santé de votre arbre.
Un arboriculteur certifié ISA peut vous donner l’heure juste quant aux besoins en élagage de chacun de vos arbres et vous prescrire les interventions les plus pertinentes pour leur bon développement à long terme.
3. Ne retirez pas (trop) de grosses branches reliées au tronc
Plus une branche est grosse, plus la coupe crée une plaie importante et difficile à refermer. L’arbre aura aussi beaucoup plus de difficulté à dépêcher les composés chimiques nécessaires pour stopper la progression de la pourriture dans le bois. Contrairement à nous, les arbres ne « guérissent » pas au sens propre : ils compartimentent le dommage, cherchant à le contenir plutôt qu’à le réparer. Ainsi, une coupe sévère effectuée aujourd’hui peut se transformer en problème structurel grave dans 10, 20 ou 40 ans.
Évitez autant que possible de supprimer des branches de plus de 10 cm (4 po) de diamètre, surtout si elles sont directement attachées au tronc. Évitez surtout d’effectuer plusieurs grosses coupes rapprochées les unes des autres sur le tronc, car la décoloration et la pourriture du bois sous-jacent aura tendance à s’agglomérer et à accélérer l’affaiblissement de toute cette partie de l’arbre. Des bris importants pourraient survenir demain à cause des nombreuses coupes excessives d’aujourd’hui.
4. Ne négligez pas les signes de détresse : l’importance d’une expertise
Un arbre ne parle pas, mais il communique. Feuillage clairsemé, branches mortes, champignons à la base, décoloration des feuilles, insectes visibles… Ces symptômes peuvent indiquer des problèmes profonds.
Les arboriculteurs certifiés sont capables d’évaluer l’état de santé et la condition structurelle d’un arbre en faisant des inspections visuelles rigoureuses. Lors d’une consultation, ils peuvent :
- Identifier les causes de dépérissement ;
- Évaluer les risques de bris ou de chute ;
- Proposer des solutions concrètes et durables;
- Éviter des interventions inutiles ou coûteuses.
En résumé
Élaguer, ce n’est pas simplement de couper ce qui dépasse. C’est intervenir avec respect, connaissance et précision. C’est faire de la place à la lumière sans nuire à la photosynthèse. C’est alléger sans affaiblir. C’est favoriser un développement sain à long terme, plutôt que de chercher des résultats rapides, mais drastiques.
Chez L’Ambassadeur de l’arbre, on pratique l’élagage responsable. Chaque geste est guidé par la compréhension du vivant et l’expérience de terrain. Parce qu’un arbre bien entretenu est un arbre qui vit plus longtemps, en santé et en harmonie avec son environnement.
Besoin d’une évaluation ou d’un élagage sécuritaire? Contactez notre équipe pour une consultation personnalisée.
Source : « Quoi faire (et ne pas faire) pour des arbres en santé », deuxième article dans le cahier XTRA Ambiance maison, La Presse+, Octobre 2024
