Petit guide pratique extrait d’une entrevue de Karim Lahdiri, fondateur de L’Ambassadeur de l’arbre, à La Presse+ (Cahier Xtra, mai 2024).
Planter un arbre implique bien plus que de creuser un trou et espérer que ça pousse! Il faut lui donner les meilleures chances de s’ancrer solidement, de bien se développer et de résister aux défis de notre climat. Trop souvent, de bonnes intentions peuvent mener à des gestes mal informés et compromettre la vitalité à long terme des jeunes arbres. Les conseils offerts ci-dessous feront en sorte que vos jeunes arbres deviennent grands et resplendissants.
1. Choisissez le bon moment
La meilleure période pour planter un arbre est au printemps, entre le dégel des sols et la mi-juin. On peut aussi planter à l’automne, entre le début septembre et la mi-octobre. L’été n’est pas exclu, mais il faut alors redoubler d’attention, surtout en matière d’arrosage. La clé : éviter les extrêmes de température (canicule, gel) et privilégier les moments où le sol est encore malléable et les précipitations régulières, assurant ainsi une humidité optimale pour favoriser l’enracinement sans stress hydrique.
2. Choisissez la bonne essence
Un arbre bien choisi est un arbre qui vivra longtemps. Optez pour une espèce indigène – adaptée naturellement à l’écosystème local – ou pour une essence robuste, bien connue pour sa tolérance au climat québécois.
Évitez les espèces exotiques, décoratives mais capricieuses, ainsi que les variétés envahissantes comme l’érable de Norvège. En cas de doute, faites appel à un arboriculteur certifié par Société internationale d’arboriculture – Québec (ISA). Une entreprise comme L’Ambassadeur de l’arbre peut recommander des essences adaptées aux limitations du site et à vos conditions de sol, d’ensoleillement et de drainage.
3. Nettoyez le collet racinaire
Les arbres en pot viennent presque toujours avec un excédent de terre à la base de leur tronc, tout juste au-dessus des racines principales. Il s’agit là du collet racinaire et c’est primordial de bien le dégager. Avec vos mains et une bonne paire de sécateurs, retirez cet excédent de terre et coupez les nombreuses racines fines qui s’y seraient développées. On veut s’assurer que le dessus de la motte arrive au début des racines principales de l’arbre.
Un collet enterré est un collet en danger : l’humidité constante et les pourritures qui s’ensuivent mènent à des problèmes de santé chroniques et à un affaiblissement du tronc de l’arbre. Les racines fines qu’on ne retire pas au moment de la plantation, quant à elles, risquent de causer de graves problèmes d’étranglement après des décennies de croissance, devenant ce qu’on appelle des racines ceinturantes et oppressantes. Celles-ci deviennent des facteurs nuisibles significatifs, comme le manque d’eau et la compaction des sols, causant ainsi le dépérissement prématuré de tellement de nos arbres plantés en milieu urbain.
Le dégagement de collet est une étape importante pour assurer la longévité et la stabilité de l’arbre dès sa plantation. En exposant correctement le point de transition entre le tronc et les racines principales, on permet à l’arbre de respirer, de bien s’ancrer et de croître sans contrainte. Ce geste simple, mais crucial, favorise un développement racinaire sain, prévient les maladies fongiques et réduit les risques de déformation ou de faiblesse structurelle à long terme. En bref, nettoyer le collet, c’est donner à l’arbre les meilleures chances de s’épanouir en santé pour les décennies à venir.
4. Creusez un trou bien ajusté
L’arbre doit s’insérer dans son trou comme une pièce de casse-tête. Ni trop profond, ni trop large : on vise une cavité de la même hauteur et du même diamètre que la motte de terre. Le collet racinaire doit affleurer juste au-dessus du sol une fois l’arbre planté, jamais en dessous.
Un arbre planté trop profondément risque de suffoquer pour les raisons mentionnées à l’étape précédente. Ce petit effort de précision a un grand impact à long terme.
5. Taillez les racines circulaires
Les arbres que l’on achète en pot vont généralement avoir des mottes dont les racines extérieures auront épousé les parois du contenant. Si elles ne sont pas taillées au moment de la plantation, ces racines risquent de maintenir leur trajectoire en cercle, risquant de stranguler le tronc ou de limiter l’ancrage.
La solution? Une coupe franche à la pelle, environ 2 cm vers l’intérieur, avant que les racines commencent à courber. Ce geste stimule l’expansion radiale, favorisant une base solide et un bon développement racinaire.
6. Ameublissez la terre environnante
Après avoir planté l’arbre et sectionné les racines circulaires, assurez-vous d’ameublir la terre dans un rayon de trois à quatre fois plus large que la motte. L’objectif est de créer un milieu adéquat pour le développement à long terme des racines. C’est une étape particulièrement importante dans les sols argileux ou compactés.
7. Ajoutez un bon paillis
Un bon paillis protège les racines, conserve l’humidité du sol et limite la croissance des mauvaises herbes. On recommande une couche de 3 à 4 pouces de paillis de cèdre ou, mieux encore, de bois raméal fragmenté (BRF) – un mélange nutritif composé de copeaux d’élagage, de branches et de bourgeons. Contactez les entreprises d’arboriculture de votre région pour obtenir de grandes quantités de copeaux à peu de frais!
Attention à la forme! Le paillis doit être étendu en forme de beigne, en laissant une zone dégagée autour du collet. Les volcans de paillis, souvent vus sur les propriétés régulièrement entretenues, sont une erreur fréquente qui peut entraîner la pourriture du tronc et causer le dépérissement prématuré des arbres.
Le BRF a un avantage supplémentaire : en se décomposant, il nourrit le sol en profondeur. N’ayez pas peur des champignons qui pourraient y pousser, ils sont vos alliés dans la transformation organique du sol!
8. Arrosez… vraiment!
Arroser, ce n’est pas simplement de mouiller le sol au jet. C’est offrir à l’arbre un apport en eau soutenu, jusqu’à ce que ses racines prennent véritablement possession du sol. Pendant les deux années suivant la plantation, arrosez avec un boyau muni d’un pistolet à débit modéré, pendant 5 minutes complètes, deux à trois fois par semaine jusqu’aux premiers gels.
Quelques conseils additionnels à retenir :
- Évitez les engrais au moment de la plantation et misez sur un arrosage adéquat et l’aménagement d’une bonne couronne de paillis.
- Si vous plantez un tuteur, retirez-le après deux hivers pour que l’arbre apprenne à se supporter lui-même.
- Prévoyez une taille de formation tous les 2 ou 3 ans pendant les 15 premières années, afin d’assurer une structure solide et durable.
Pour la durée de la vie de l’arbre, privilégiez des tailles douces et progressives, plutôt que des coupes sévères.
Planter, c’est investir dans l’avenir
Un arbre bien planté nous récompense avec des décennies de bénéfices : ombrage et rafraîchissement de nos villes, séquestration de carbone, purification de l’air et embellissement de nos milieux de vie. Tout cela commence par un geste simple, fait avec soin. Pour en savoir plus sur nos services ou pour planifier une plantation, contactez notre équipe.
Source : « La vraie bonne façon de planter un arbre », La Presse+, 27 mai 2024.